Les dernières données du Cerema montrent une baisse légère de l’artificialisation des sols en France en 2022. Un bon début, mais à analyser avec précaution. En effet, ces chiffres font suite à trois années de hausse.
Publié le 11 juin 2024 par Estelle Guiton
Moins de terre consommée en 2022
L’artificialisation des sols est au cœur de tout projet de construction, d’autant plus avec l’entrée en application de la ZAN. Le respect en est difficile et le bilan annuel encore fragile. C’est ce qui ressort des derniers chiffres publiés par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).
Selon l’organisme, la France a consommé 20 276 hectares en 2022. Un bon chiffre, mais sans réjouissance excessive. En effet, cela ne représente qu’une baisse d’un peu plus de 700 hectares par rapport à 2021 (21 011 hectares consommés à cette date), mais surtout, il fait suite à une hausse constante durant les trois années précédentes. L’année 2021 marque d’ailleurs un pic dans la progression.
Une évolution dans le bon sens
Malgré la prudence de rigueur concernant cette baisse de l’artificialisation, la voie vers une meilleure prise en compte de cette donnée semble bien engagée. Après les pics d’artificialisation connus entre 2016 et 2018 et même si les chiffres sont élevés, ils apparaissent encourageants, allant dans le sens des niveaux attendus dans les prochaines années.
L’objectif fixé dans la loi Climat de 2021 est de réduire de moitié le rythme de bétonisation des sols d’ici 2031, comparé à la période entre 2011 et 2021. Concrètement, cela revient à passer de 250 000 hectares consommés à 125 000. Tout ceci avec le but de neutralité carbone pour 2050.
Les habitats, plus gros consommateurs
Si l’on regarde le rapport du Cerema dans le détail, 63 % des terres artificialisées ont été destinées à l’habitat. Le chiffre des surfaces alloué est identique à celui d’avant Covid. 23 % étaient pour l’activité économique. Si le nombre en mètres carrés pour les logements reste stable, il est en revanche en hausse pour les utilisations professionnelles.
Le bon point vient des espaces consommés, par rapport au volume de construction. Celui-ci se révèle en baisse, sous l’impact des opérations de recyclage et de densification des espaces. Désormais, 1 ha permet la construction de 2 538 m². Ce chiffre était de seulement 1 950 m² en 2011. Cela se vérifie principalement dans les zones urbaines où les terrains sont souvent divisés pour multiplier les constructions.
La bétonisation est, elle, principalement située dans les zones rurales. Elle représente 68 % de la consommation d’espaces, alors qu’elle accueille uniquement 32,7 % de la population. À l’inverse, les communes denses qui accueillent 38 % de la population ne consomment que 7 % des espaces. Reste désormais à voir si les années à venir vont confirmer la récente évolution et permettre de respecter les objectifs.