Le parc de logements sociaux connaît une évolution majeure ces derniers mois, avec l’obligation de rénovation du parc existant, au détriment de nouvelles constructions. Un changement d’orientation important alors que le nombre de demandeurs pour bénéficier de ces logements ne cesse d’augmenter.
Publié le 10 octobre 2024 par Estelle Guiton
Rénover plutôt que construire
Entre besoin de logements et nouvelles réglementations, les bailleurs sociaux doivent désormais composer. Et les choix ne sont guère en faveur d’une aide à la relance du secteur de la construction… En effet, les organismes ont une autre obligation, celle de privilégier les rénovations, avant de démarrer de nouveaux projets. La loi ZAN appuie d’ailleurs cette contrainte en limitant les espaces constructibles.
Pour y répondre, l’option à retenir est donc la rénovation écologique des édifices. Une décision souvent plus coûteuse, qui devrait conduire à un pic des investissements sur ce secteur au cours des prochaines années. Selon les projections de la Banque des territoires qui finance le logement social, la période 2024-2027 devrait permettre la rénovation de 130 000 logements, avant d’afficher une moyenne de 90 000 par an entre 2030 et 2062.
Un choix en lien avec les contraintes de location
Ce choix de rénovation est aussi lié à un autre motif, celui de la loi Climat et résilience qui fixe l’interdiction progressive de location des habitats énergivores. Couplée à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de l’existant prend vite du sens, même si la note est élevée à l’arrivée. Selon les estimatifs, la réfection d’un logement coûterait en moyenne 60 000 €.
L’augmentation de ce montant sur les 10 dernières années est évaluée à 65 %. La hausse du prix des matériaux et les normes de plus en plus drastiques expliquent pleinement cette croissance d’année en année.
La baisse des constructions de logements sociaux neufs
Par effet de rebond, les mises en chantier de logements sociaux ont déjà commencé à diminuer. Le phénomène n’est pas nouveau, enregistré depuis 2020. Depuis, le chiffre se situe en dessous des 100 000 logements créés par an. Et la situation ne connaîtra aucun changement dans les prochaines années. Le marché est même plutôt voué à se rétrécir. Ainsi, il devrait se limiter à 72 000 logements à partir de 2030.
Cette situation qui combine plusieurs contraintes et implique l’entretien du parc immobilier des locations sociales amène un autre problème, celui de répondre aux demandes de logements. Au regard des projections, celles-ci nécessiteraient, à ce jour, la mise en chantier de 90 000 logements par an. Les chiffres avancés pour le 1er semestre 2024 font état de 2,7 millions de ménages inscrits sur les listes d’attente pour pouvoir bénéficier d’un logement social. Nombre qui n’avait jusque-là jamais été atteint…