La Cour des comptes a rendu son avis concernant le parc de logements en France et leur adaptabilité aux évolutions du climat. Le résultat est sans appel : les habitats sont très majoritairement inadaptés, nécessitant de faire de l’adaptation une priorité publique.
Publié le 18 avril 2024 par Estelle Guiton
Un parc immobilier confronté aux risques climatiques
La Cour des comptes a rendu le 12 mars 2024 son rapport sur les logements face aux risques climatiques en France. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne fait guère de concession, classant même ce sujet comme devant devenir une priorité nationale. Autant dire que le bilan n’est pas positif face aux trois principaux risques auxquels les habitats sont susceptibles d’être confrontés.
Ces menaces climatiques concernent les pics de chaleur, le retrait-gonflement des argiles et les inondations. Ces points sont clairement ceux qui sont devenus progressivement habituels avec, pour cette année 2024, des pics de crues rarement atteints et des pluies abondantes. Un phénomène qui, selon les spécialistes, ne pourra aller qu’en s’accélérant en raison du réchauffement de la planète.
Des mesures impératives pour garantir l’habitabilité
Et selon la Cour des comptes, les mesures mises en place jusqu’à présent ont eu seulement pour objectif d’atténuer les effets de ces phénomènes. Elles ont d’abord visé la réduction de la consommation énergétique. Cela s’est traduit par des aides pour la rénovation énergétique et thermique. Loin des mesures incontournables qui seront à envisager pour simplement permettre de bien vivre dans les constructions. En effet, le défi est aujourd’hui de garantir la pérennité des biens, que ce soit par la consolidation des fondations ou la mise en place de travaux pour limiter les inondations. Sur ce point se greffe une autre problématique, celle du financement des opérations.
Pour la Cour des comptes, la priorité sur les logements serait de procéder à des rénovations globales pour traiter l’ensemble du bâti. Or, en 2022, ces actions n’ont représenté que 3 % des surfaces restaurées dans le cadre de MaPrimeRénov’. Ce constat pourrait toutefois être revu à la hausse dans les prochains mois avec les nouveaux dispositifs mis en place pour bénéficier des aides.
Revoir les aides pour réduire les risques
D’ailleurs, la Cour des comptes épingle aussi le dispositif d’aides qu’elle juge désormais inadapté pour répondre aux travaux utiles. Cela vise notamment la prévention du retrait-gonflement des argiles. Un phénomène qui touche toutes les régions de France, sans proposer d’aide pour entreprendre les travaux et adapter les fondations et la structure du logement.
Ces mesures ne concernent pas les constructions neuves, du fait de la mise en place des études de sols obligatoires. Néanmoins, ce parc reste réduit avec un apport qui ne représente chaque année que 1 % du nombre de logements existants.
L’organisme préconise en complément de multiplier les projets de recherche et les expérimentations liés à la prévention des risques. L’idée est ainsi de « chiffrer les scénarios d’adaptation du parc résidentiel » et définir les modalités de réalisation.