Aubervilliers et Saint-Dizier se lancent ensemble dans une nouvelle façon de construire, celle du jumelage foncier. En pratique, cela signifie lier l’obtention d’un permis de construire dans une ville à un projet de réalisation dans une autre ville en panne de constructions. Une solution qui pourrait permettre aux régions les moins attractives de retrouver de l’intérêt auprès des promoteurs…
Publié le 17 avril 2025 par Estelle Guiton
Une alliance pour deux projets de construction
C’est une nouvelle notion à laquelle il va peut-être falloir progressivement s’habituer en matière de construction, celle du jumelage foncier. Deux villes se lancent dans l’aventure : Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, et Saint-Dizier en Haute-Marne.
Les deux communes ont annoncé avoir conclu un partenariat, accompagné pour sa réalisation par Grand Paris Aménagement, le groupement d’aménageurs public d’Île-de-France. Le promoteur a aussi été désigné : il s’agit de Pichet, retenu dans le cadre d’un partenariat de solidarité territoriale.
L’accord entre les deux communes a été signé en mai 2024, mais dévoilé seulement à l’occasion du Mipim.
Le principe du jumelage foncier
Le principe du jumelage foncier est de lier un projet de construction dans une ville plutôt attractive, à un autre dans une ville partenaire délaissée par les professionnels de l’immobilier. Dans l’exemple d’Aubervilliers et de Saint-Dizier, la première bénéficie d’une forte demande en raison de sa proximité avec Paris. À l’inverse, la commune de Haute-Marne n’attire pas les projets. Selon le maire, cela fait même 30 ans qu’aucune construction neuve émanant de promoteurs privés n’a été réalisée dans la ville qui compte 23 000 habitants.
Dans le cadre du jumelage foncier conclu entre les deux cités, l’obtention d’un permis de construire à Aubervilliers implique aussi pour le promoteur de lancer un autre projet immobilier à Saint-Dizier. Autre élément, les travaux ne pourront être entamés à Aubervilliers qu’après le début de la construction à Saint-Dizier, empêchant le professionnel de se rétracter.
Une solution adaptable à tous les territoires
Dans cet exemple, ce sont 93 logements qui devraient être réalisés à Aubervilliers, et 56 à Saint-Dizier. Les permis de construire devraient, eux, être déposés au cours des prochaines semaines. La livraison des deux ensembles est programmée d’ici 2027. Un délai raisonnable qui intervient en même temps dans une période immobilière en légère reprise et alors que les projets de construction collective, eux, restent à l’arrêt.
Ce modèle de solidarité territoriale peut être appliqué sans difficulté à d’autres lieux. En effet, relevant seulement d’une double obligation de construction, il ne comprend aucun transfert financier. Pas de lien donc entre les deux, si ce n’est cette contrainte dans le démarrage des travaux. Une facilité qui pourrait permettre aux communes rurales actuellement délaissées par les promoteurs de retrouver un peu d’attrait, le temps d’amener un projet neuf pour la population.