En seulement quelques jours, le gouvernement a semé le trouble chez les particuliers comme chez les professionnels après sa déclaration et sa volte-face concernant MaPrimeRénov’. Un effet d’annonce et un rétropédalage qui donnent déjà des indications pour les prochains mois…
Publié le 8 juillet 2025 par Estelle Guiton
Une annonce en deux temps
C’est un vent de panique qui a agité le secteur du BTP à la mi-juin. En cause, l’annonce surprise du gouvernement de geler les aides MaPrimeRénov’ pour la période estivale. Une suspension qui a cependant été de courte durée face aux réactions tant des professionnels que des ménages. Une dramaturgie en 2 actes, avant de nouvelles annonces après l’été.
En effet, le dispositif est d’un côté indispensable pour booster la rénovation énergétique et, de l’autre, un gouffre financier pour le gouvernement, déjà à la recherche d’économies pour boucler son budget. Une situation tendue avec, au milieu, des ménages qui ne peuvent entamer les travaux sans cette aide et des professionnels à l’arrêt en cas de suppression. Ces derniers en ont d’ailleurs déjà expérimenté les effets l’an passé avec la fin (provisoire) de la prime sur les monogestes, et en ce début d’année avec le retard dans le traitement des dossiers par l’Anah.
Un rétropédalage pour un avenir incertain
À peine les premières réactions réprobatrices publiées, le gouvernement a donc fait machine arrière. Il a restauré la prime, du moins pour les monogestes liés aux travaux de changement d’un appareil de chauffage, d’installation d’une VMC ou d’isolation. Exit les rénovations globales, désormais trop coûteuses à l’État. En même temps, ce choix entre deux permet de répondre à la demande forte et donc d’éviter l’arrêt complet des travaux.
Au 31 mai 2025, selon les chiffres publiés, 122 000 ménages avaient bénéficié de l’aide MaPrimeRénov’ sur le début d’année. Ils expliquent à eux seuls les choix du gouvernement : 78 000 dossiers concernaient un monogeste pour une aide moyenne de 4 000 €, 44 000 pour une rénovation d’ampleur amenant une subvention moyenne de 40 000 €. Nul besoin d’être doué en maths pour comprendre l’écart, d’autant que le nombre de dossiers déposés a été multiplié par 3 par rapport à 2024… Ajouté à cela la diminution de l’enveloppe budgétaire, passée de 5 milliards en 2024 à 3,6 milliards en 2025, le choix trouve vite sa justification.
L’avenir de MaPrimeRénov’ en discussion
Reste désormais à connaître l’avenir du dispositif. En effet, tandis que les organisations professionnelles s’accordent à dire que ce retour aux monogestes représente un minimum, il est loin d’être réellement un soulagement. Pour permettre la relance des aides et donc des travaux, le gouvernement pourrait s’appuyer sur les certificats d’économie d’énergie (CEE) financés par les entreprises. En préparation à ces annonces, un arrêté a déjà été publié à la mi-juin. Il accorde une bonification pour les CEE destinés aux ménages à revenus modestes.
D’autres pistes sont aussi envisagées pour 2026, comme la baisse des plafonds subventionnables, ou encore le recentrage des aides sur les logements les plus énergivores. Autant dire que les prochaines semaines seront cruciales, amenant beaucoup d’incertitudes.