Au travers d’un rapport publié en septembre 2023, l’ONU appelle les industriels et professionnels du BTP à délaisser le béton au profit d’autres solutions constructives. L’objectif est toujours le même : réduire les émissions de gaz à effet de serre en lien direct avec le secteur.
Publié le 5 octobre 2023 par Estelle Guiton
Construire différemment dans les prochaines années
Ce n’est plus une nouveauté et le sujet revient régulièrement : le bâtiment reste l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. En cause, les matériaux utilisés, à commencer par le béton. C’est d’ailleurs à lui qu’a décidé de s’attaquer l’Organisation des Nations Unies dans son récent rapport intitulé Matériaux de construction et climat : construire un nouvel avenir. L’organisme international vient rappeler une réalité rarement mise en avant : les constructions nouvelles dans le monde représentent l’équivalent d’un nouveau Paris tous les cinq jours.
La comparaison est pour le moins marquante, faisant rapidement comprendre les enjeux actuels au travers des différents rapports et des innovations en cours. L’ONU revient ainsi sur ces avancées en reprochant leur orientation. Basées sur la réduction du carbone opérationnel des bâtiments, l’organisation préférerait une modification des habitudes constructives avec une action mise en avant : l’économie circulaire des matériaux.
Éviter, changer et améliorer, trois mots pour faire évoluer le BTP
Parmi les pistes énoncées dans le rapport figure une solution en trois volets conçue autour des termes Éviter, Changer et Améliorer. Tous renvoient à la décarbonisation, une action à mener de concert avec les différents acteurs, notamment les producteurs de matériaux, les architectes et concepteurs et les constructeurs et promoteurs.
Avec le terme « éviter », le rapport renvoie à l’idée de commencer, avant même d’étudier la faisabilité d’un projet, à réfléchir à la réhabilitation de bâtiments et au réemploi des matériaux. Cette idée de faire du neuf avec du vieux trouve ici écho avec une initiative attendue : l’utilisation de moins de matériaux, en privilégiant la réutilisation des constructions et des matériaux recyclés.
Moins d’émission et l’amélioration des process de décarbonisation
L’autre point évoqué par l’ONU concerne le changement, mais pas forcément par le renouveau. En effet, l’organisation incite à revenir à des matériaux longtemps utilisés tels que le bois, le bambou, la brique ou ce que l’ONU appelle les « détritus agricoles et forestiers ». Selon ses chiffres, ces choix pourraient participer à une réduction des émissions pouvant atteindre 40 % d’ici 2050 dans les zones du monde mettant en application ces recommandations.
Enfin, l’ONU prône l’amélioration des solutions de décarbonisation des matériaux tels que le béton, l’acier et l’aluminium. Pour l’organisation, l’emploi des matériaux non renouvelables devrait seulement être réservé aux travaux spécifiques pour lesquels ils s’avèrent indispensables. Même si les méthodes restent un peu différentes des préconisations de l’ONU, les progrès sont déjà en marche avec de nouveaux process en cours de développement par les industriels.