La crise connue par le BTP n’épargne aucun segment. Les professionnels de la production et de la vente des matériaux la subissent aussi avec, pour beaucoup, une baisse de leur activité en 2023. Ils restent prudents pour 2024, prévoyant une nouvelle dégradation du secteur.
Publié le 19 mars 2024 par Estelle Guiton
Des commandes en baisse pour les matériaux
La crise du logement actuelle a des effets dans bien des domaines, par phénomène de rebond. Tandis que les professionnels de la construction manquent de commandes, les fabricants de matériaux et les négociants voient eux aussi leur activité baisser. Une situation déjà constatée en 2023 et qui ne devrait pas s’améliorer en 2024.
C’est du moins ce que déclarent les entreprises du secteur dans l’enquête annuelle de l’Association des industries des produits de construction (AIMCC). L’organisme vient d’en dévoiler les résultats avec une constante, la baisse d’activité liée cette fois non plus à la hausse des matières premières et aux difficultés d’approvisionnement, mais bien à des commandes en diminution.
La baisse d’activité en premier motif
Selon les chiffres publiés, 86 % des sondés estiment qu’en 2023 leur activité a ralenti. Près de la moitié (47 %) évaluent cette chute à plus de 5 %. La première cause en est la réduction de la demande pour 35 % des répondants. L’inflation n’arrive qu’après, jugée responsable pour ¼ des entreprises.
En 2024, les organisations professionnelles ne prévoient pas d’embellie. Elles sont même 73 % à envisager une nouvelle baisse de leur activité. Une évolution toutefois, les origines seraient différentes de 2023 avec des motifs variables selon les acteurs. Ainsi, pour l’approvisionnement en matériaux du gros œuvre, elle aurait pour base la baisse de l’activité liée au recul du nombre de constructions. À l’inverse, pour le second œuvre, la baisse pourrait être modérée, limitée à 15 %. Ce secteur bénéficie en effet des travaux de rénovation qui s’accélèrent ces derniers mois, notamment sous l’effet des aides de l’État.
Une amélioration par la relance de la construction
Pour sortir de cette situation cette fois directement liée à l’activité, les professionnels s’entendent tous sur la nécessité d’une action de l’État, que ce soit dans le neuf ou la rénovation. Ces opérations auraient pour atout la relance du secteur et, avec lui, de l’ensemble de la profession, à commencer par la vente de matériaux.
Cette attente a été en partie entendue par le gouvernement. Le Premier ministre Gabriel Attal a en effet annoncé à la mi-février plusieurs mesures pour relancer le secteur. Cela devrait notamment se traduire par une simplification des démarches de construction. Une mesure en tête des demandes pour tous les professionnels afin de leur donner un peu d’air et faciliter les mises en route de nouveaux projets.
Dans cette ambiance un peu morose, une bonne nouvelle toutefois : malgré la situation, environ 60 % des sondés estiment que leurs effectifs devraient rester stables en 2024. La première raison est le recours important à l’intérim.