Le premier projet de construction bénéficiant d’un permis sans affectation va voir le jour à Bordeaux. L’opération est désormais bien engagée pour envisager un début des travaux courant 2023. Sa particularité est de ne déclarer aucun usage, amenant plusieurs adaptations dans le système constructif pour rendre le bâtiment réversible à tout moment.
Publié le 11 avril 2023 par Estelle Guiton
Plus de 4000 m² libres d’affectation
Les professionnels en rêvaient, le permis sans affectation devient réalité. Le premier dossier déposé est en passe de se concrétiser à Bordeaux. Le projet a été initié dès l’avancée de la loi rendant la réversibilité des bâtiments moins complexe grâce à l’aménagement des demandes et des obligations légales.
Ainsi est né le permis d’innover. Premier à s’être lancé dans l’aventure, Euratlantique à Bordeaux a confié une de ses parcelles dans la ZAC Saint-Jean Belcier, près de la gare, à l’agence Canal Architecture, chargée de monter un projet pour le compte du groupe d’ingénierie et d’immobilier Elithis.
Le bâti se présente comme une enveloppe plus que comme une opération bien définie. Dans le détail, il se compose de neuf étages pour une surface de 4492 m². Autres données constructives qui ne bougeront pas : les plafonds de chaque niveau sont à 2,70 m, soit un peu plus que pour du résidentiel, mais moins que pour du bureau traditionnel.
Une épaisseur de bâti de 13 m, volume pratique pour l’aménagement
Autre élément de construction fixe, l’immeuble va disposer d’une largeur de 13 m, un choix loin d’être anodin. En effet, cette dimension a été estimée comme parfaite à la fois pour la création d’open spaces et pour l’aménagement d’appartements traversants afin d’obtenir une double exposition et la possibilité de courants d’air.
Afin de respecter la réversibilité du bâti, les plateaux ont été imaginés sans murs porteurs intérieurs, appuyés sur une structure poteaux-dalles. Dans cet esprit, aucune circulation intérieure n’est prévue, la desserte des étages étant réalisée par l’extérieur avec la mise en place de pontons. De même, l’ensemble des réseaux (électricité, eau, air) sera distribué par l’extérieur.
Trois dérogations à la réglementation
Pour aboutir à l’autorisation de construction, trois dérogations aux réglementations en vigueur ont été demandées. La première concerne de fait la non-indication des superficies dédiées aux bureaux et aux logements, au profit d’une surface globale. Une autre donnée dont le bâtiment s’affranchit provisoirement est en lien direct avec cette non-affectation : la TVA et les redevances applicables aux bâtiments variant selon la nature de la construction, ces taxes seront calculées a posteriori, de façon rétroactive.
Enfin, la troisième dérogation qui aurait aussi pu être le point le plus bloquant porte sur la sécurité incendie. En effet, les réglementations sont à l’opposé l’une de l’autre, prévoyant l’évacuation des personnes par l’extérieur pour les constructions recevant du public et privilégiant le confinement dans le logement pour les immeubles résidentiels. Dans le cas présent et en accord avec les pompiers, c’est la première solution qui a été retenue.
Le début des travaux est programmé pour courant 2023.