Mise en place avec quatre mois de retard, la filière REP (responsabilité élargie du producteur) prend progressivement ses marques, y compris dans le secteur du BTP. Les sites de récupération se développent avec de plus en plus de professionnels qui y adhèrent au fil des mois. Une habitude à adopter qui va encore demander du temps pour se généraliser.
Publié le 21 septembre 2023 par Estelle Guiton
Une ouverture progressive des points de collecte
Difficile à mettre en place, la filière REP est obligatoire depuis le 1er mai 2023. Désormais, elle poursuit son développement avec certains ajustements et arbitrages encore à réaliser. Le défi est grand et incontournable pour arriver au résultat attendu de zéro déchet. Cela est d’autant plus important dans le secteur du bâtiment qui reste l’un des plus gros producteurs de déchets en tous genres avec plus de 42 millions de tonnes par an.
À ce jour, après un premier retour sur le lancement de la filière de recyclage, le calendrier s’avère respecté. Le nombre de points de collecte envisagé est conforme et les outils de communication font progressivement leur œuvre. Ainsi, les professionnels sont de plus en plus nombreux à adhérer à un centre de recyclage pour venir déposer leurs déchets de chantier.
Un maillage à renforcer avec d’autres services à envisager
Au 30 juin 2023, près de 1 100 centres étaient opérationnels, soit plus du double que lors de la mise en place de cette obligation de reprise des déchets. En fin d’année 2023, ils devraient être plus de 2 400 et quelque 4 500 dans deux ans, en mai 2025. L’idée est d’arriver à un maillage du territoire permettant de disposer d’un centre de dépôt tous les 10 à 20 km pour les zones les moins denses. L’autre élément est l’instauration par les filières d’une reprise directe des déchets sur les chantiers générant plus de 50 m³, et dans les entrepôts des entreprises du BTP. Cette solution sera proposée dès la fin 2023/début 2024.
Les déchetteries publiques devraient aussi participer à cet effort de collecte. Aujourd’hui, ces espaces sont davantage destinés aux particuliers, avec seulement 15 % des volumes collectés dans ces lieux qui correspondent à des déchets professionnels.
Plusieurs points à voir ou revoir pour un fonctionnement optimal
Cette prochaine étape fait déjà grincer des dents. Sans accord entre les acteurs de la filière et les collectivités, c’est finalement l’Oca Bâtiment, organisme coordonnateur de la reprise des déchets du BTP, qui a proposé un contrat type aux collectivités territoriales. Celles-ci, par la voix de l’association Amorce, réclament toujours la rétroactivité des soutiens financiers.
D’autre part, la Fédération des distributeurs de matériaux demande aussi un allègement de leurs obligations. En effet, les points de vente des distributeurs d’une surface de 4 000 m² doivent organiser la collecte sur leur site. Or, les professionnels pointent les tensions que cela engendre sur le foncier disponible, demandant que cette obligation soit due pour les surfaces de 10 000 m² ou plus.