La hausse des prix des matériaux ne cesse de progresser depuis 2021. Une crise en remplaçant une autre, la conjoncture devient désormais difficile pour les entreprises du BTP, confrontées à des coûts des matériaux très fluctuants. Les prochains mois s’annoncent tout aussi complexes, au point que les professionnels puissent difficilement se positionner face à cette situation.
Publié le 28 juin 2022 par Estelle Guiton
Une flambée des prix de +18 %
Les prix n’arrêtent pas de grimper sans laisser entrevoir un quelconque frein à cette situation au cours des prochains mois. De quoi rendre nerveux tout le secteur du BTP. En effet, tandis que les maîtres d’ouvrage voient les prix des constructions progresser à une vitesse grandissante, les artisans, eux, sont amenés à réaliser des devis dont les prix sont déjà dépassés à peine l’envoi au client réalisé. Cela est d’autant plus vrai pour les charpentiers, les couvreurs et les serruriers.
Pour les maîtres d’ouvrage, le problème est différent avec une progression des coûts et une demande de plus en plus fréquente d’obtenir des tarifs révisables. Seul problème, les budgets de chantier, eux, sont programmés avec un montant précis à ne pas dépasser au risque de mettre en péril l’aboutissement de la construction. Pendant ce temps, les entreprises assument les surcoûts. Pour y pallier, beaucoup demandent des acomptes pour la commande de fournitures afin d’anticiper.
Des tarifs en version XXL
Pourtant, tous sont bien conscients de ces dérapages dont chaque branche subit les conséquences. Beaucoup d’artisans font encore le choix de ne pas augmenter leurs tarifs au-delà du possible, mais pour combien de temps ? D’autres, au lieu d’imposer des tarifs variables, choisissent de réduire drastiquement la durée de validité des devis. De trois à six mois, ces derniers sont passés à un mois puis 15 jours. Pour les secteurs les plus tendus, ils sont réalisés sans tarif fixe. La raison : dans la métallerie par exemple, le tarif annoncé le matin est déjà dépassé le soir.
Autant dire que la situation devient progressivement critique, maintenue artificiellement par une masse de travail importante, fruit du retard des constructions en raison du coronavirus et du dépôt massif de permis pour éviter de subir les contraintes de la nouvelle RE2020. Chacun sait que cette situation est pourtant provisoire. La courbe sera un jour amenée à s’inverser avec des conséquences lourdes pour les entreprises. Car si le besoin d’activité sera moindre, les tarifs des matières premières, eux, risquent de rester hauts, notamment avec l’inflation annoncée.
Une optimisation à mettre en avant
Seule solution pour sortir de cette situation sans mal pour tous les acteurs : l’optimisation des travaux. Pour cela, le recours à la digitalisation devrait être d’une grande aide. En premier lieu, le but est l’optimisation des chantiers. Première étape, intervenir sur les erreurs de chantier. En cela, les logiciels permettraient de mieux définir les travaux en classifiant toutes les données de façon automatisée afin d’assurer un suivi adapté. Cela peut paraître anodin mais le coût chaque année est de plusieurs millions d’euros.
L’autre objectif tient dans le réemploi des matériaux, nécessitant là encore une meilleure prise en charge avec un décompte précis et une classification pour assurer leur orientation et prochaine utilisation. Autant dire que la recherche d’économies risque fort de représenter la meilleure solution pour sortir de cette situation, en absorbant le surcoût des travaux par l’économie d’autres postes.