Les prévisions de construction pour 2023 s’annoncent en deçà de ces dernières années. En cause, les crises sanitaire et énergétique, la guerre en Ukraine, mais pas seulement. Le secteur se situe de nouveau à un moment charnière, entre pénurie de matériaux et constructions en attente de démarrage.
Publié le 15 novembre 2022 par Estelle Guiton
Un niveau constructif maximal
Ce n’est plus une surprise. Le bâtiment est particulièrement tourmenté ces derniers mois, entre majoration des prix, pénurie de matériaux et activité à son sommet. De ces multiples éléments transparaît un secteur à l’avenir hésitant et contrasté, entre hausse des mises en chantier et perspectives inflationnistes qui font craindre une prochaine récession.
Pour 2022, après des mois agités, une certitude émerge : le bâtiment connaît une stabilité des affaires à un point haut, confirmé par les chiffres de l’INSEE. Dans sa dernière enquête, l’institut montre que les entreprises de gros œuvre affichent des carnets de commandes remplis, représentant jusqu’à 9,5 mois d’activité. Cette phase se complète par une amélioration de la situation côté embauche et dans l’approvisionnement en matériaux. Aujourd’hui, près de la moitié des sociétés ne peuvent produire davantage.
Une visibilité incertaine à moyen terme
Les professionnels de la construction bénéficient encore d’une demande conséquente avec des mises en chantier stables, mais qui s’étalent dans le temps pour différentes raisons, et un léger repli ces derniers mois. Cet équilibre s’explique par les reports de démarrage en raison de la difficulté à rentrer dans les budgets, tandis que la crise sanitaire a aussi décalé bon nombre de réalisations. Pour d’autres, cela peut se traduire par une annulation pure et simple des projets de construction ou une remise à plat, dans un objectif économique.
Les promoteurs comme les constructeurs de maisons individuelles sont, eux, confrontés à une période moins sereine. Ces derniers ont connu une baisse conséquente avec un recul affiché de -21 % sur un an. Les raisons sont souvent d’ordre économique avec de plus grandes difficultés pour les acquéreurs à obtenir un crédit, tandis que l’inflation a progressivement réduit le pouvoir d’achat et la solvabilité des ménages.
Des conséquences sur la construction
Ce constat devrait aboutir à une réduction du nombre de permis de construire en 2023. La situation aura sans aucun doute des répercussions sur le secteur de la construction avec une chute attendue des mises en chantier.
Elle va aussi se répercuter sur la commande de matériaux. Aujourd’hui encore sous tension même si la situation s’améliore, le secteur va devoir faire face dans les prochains mois à un autre défi, celui de l’imprévisibilité des besoins. La période s’annonce ainsi perturbée avec de nouvelles difficultés qui pourraient s’ajouter aux contraintes actuelles.