La baisse d’activité liée à la chute des ventes de logements a une conséquence directe dans le BTP : celle de la chute des emplois. Les défaillances d’entreprises, que ce soit dans le secteur de la construction comme dans les cabinets d’architectes sont en hausse ces derniers mois, touchant les salariés, mais aussi les chefs d’entreprise.
Publié le 16 avril 2024 par Estelle Guiton
Des perspectives inquiétantes
Les jours passent et se ressemblent. Ce pourrait être le crédo du BTP depuis maintenant plusieurs mois. Face à la dégradation du secteur de l’immobilier et une réduction jamais connue du nombre de mises en chantier, les entreprises du bâtiment tentent de résister en attendant des jours meilleurs. À la clé, une augmentation des mesures de chômage partiel et des licenciements qui se succèdent.
Pour les entreprises les plus fragiles, la décision extrême est la mise en liquidation judiciaire. Cette situation concerne aujourd’hui le secteur du BTP au sens large. En effet, outre les structures de gros œuvre et second œuvre, c’est toute la filière qui subit, jusqu’aux cabinets d’architecture. Ces derniers se voient appliquer la double peine : d’un côté une réduction des projets qui leur sont confiés et, pour ceux bien avancés, l’arrêt des opérations avant ou après l’obtention du permis de construire, souvent pour des questions budgétaires.
Des pertes d’emploi en nombre
Les chiffres publiés par l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs de l’association GSC et du groupe Altares font état de 51 555 chefs d’entreprise qui ont perdu leur emploi en 2023. Si cette donnée est générale, concernant tous les secteurs, le BTP aurait, lui, enregistré une progression de 40 % des défaillances sur un an, représentant plus de 12 000 personnes.
Ce sont plus particulièrement les petites structures qui sont impactées, celles de moins de 5 salariés, tandis que l’ancienneté de l’entreprise est aussi élevée, de près de 10 ans. Plus question donc de parler de sociétés pas suffisamment solides. La situation actuelle touche tous les types d’entreprises, sans distinction.
Des mises en chantier au plus bas
Selon les chiffres avancés par la Fédération française du bâtiment (FFB), les mises en chantier ont reculé de 5 % en 2022, puis de 24 % en 2023. Dans le même temps, les ventes de logements ont elles aussi chuté sur la période, de près de 25 %. Les données font état d’un nombre de début de travaux pour 2024 atteignant seulement les 250 000 logements. En référence, ce niveau est celui relevé au début des années 1950. Il n’a depuis jamais été aussi bas.
La bonne nouvelle pourrait alors simplement venir du frein enregistré sur l’inflation. Et, avec lui, de la fin de la hausse des taux d’emprunts. Combinés à une baisse des prix dans l’immobilier depuis plusieurs mois, ils pourraient permettre d’envisager une reprise progressive du bâti en 2025. Mais les entreprises auront-elles la trésorerie pour tenir jusque-là ? Rien n’est moins sûr…