Si les décennies passées s’étaient lancées dans une course aux nouvelles technologies et à l’automatisation à marche forcée, la vision de la construction a aujourd’hui bien changé. Elle laisse place à davantage de réflexion sous l’influence de la sobriété énergétique. Une orientation que les groupes les plus grands et les municipalités sont de plus en plus nombreux à choisir.
Publié le 18 avril 2023 par Estelle Guiton
Le low-tech, nouvelle inspiration pour le bâti
Longtemps considérées comme l’idéal de la construction, les villes intelligentes ne sont désormais plus à l’ordre du jour. La crise et la mise en avant de la nécessaire sobriété énergétique ont mis à mal le concept. Aujourd’hui, celui-ci est même dénoncé par les plus grands, tous horizons confondus. Que ce soit le promoteur Nexity, Groupama Immobilier, ou encore la ville de Lyon, tous ont fait le choix de rejoindre le mouvement promouvant la transition urbaine low-tech.
L’idée d’une ville parfaite faisant cohabiter les habitants avec la performance technologique a bel et bien vécu, voyant avec elle l’extinction des smart city. De cette expérience, il en est retenu un surcoût trop important pour le bénéfice obtenu, en plus d’une surabondance de fonctions souvent inutiles, sources de dépense énergétique à l’image de la multitude d’appareils en veille, de la climatisation ou encore de l’éclairage automatisé.
Un choix raisonné des technologies
Cette orientation ne signifie pas pour autant un rejet total des technologies. On vise un juste équilibre réfléchi pour supprimer tout ce qui peut être gadget au profit de produits réellement utiles et performants. L’humain est ainsi invité à reprendre la main sur de nombreux fonctionnements.
Cela passe par une autre vision de la construction et des équipements intégrés. Un exemple : la question de la climatisation. Sa nécessité est aujourd’hui remise en cause dans de nombreux cas au vu de sa consommation énergétique. La première conséquence est d’accepter de laisser un peu de confort sur de courtes périodes de l’année. Dans le même temps, cela passe aussi par une nouvelle façon de penser le bâti.
Rénover plutôt que détruire
L’automatisation complète des bâtiments a désormais trouvé un nouveau modèle basé sur la sobriété en mettant en avant de nouvelles notions telles que l’orientation des bâtis ou l’aération naturelle. Pour le maire de Lyon, cela signifie également de revoir le principe même de construction. Là où le réflexe des décennies passées était de détruire pour rebâtir, il est préféré de nos jours les réhabilitations. Le premier effet est de limiter les émissions de CO2 que ces opérations génèrent.
Si le surcoût n’est pas neutre, le gain sur le plan environnemental et énergétique semble aujourd’hui l’emporter. Pour le gommer dans les prochaines années, c’est d’ailleurs un nouveau procédé de construction qui s’installe, celui du bâtiment réversible. Imaginer des immeubles passant tour à tour d’un usage résidentiel à un usage tertiaire et inversement sans travaux conséquents devrait progressivement s’imposer. Un exemple, le projet à Bordeaux, à l’origine du premier permis sans affectation.