Décarboner le bâtiment est devenu indispensable. L’une des solutions consiste à enfermer le carbone durant la phase de production. C’est ce qui est testé en Europe, via le partenariat Edilteco et BML. Le procédé utilisé vient du Canada.
Publié le 5 mars 2024 par Estelle Guiton
Faire baisser la quantité de carbone dans les constructions
Ce n’est plus une nouveauté : la recherche de solutions pour diminuer l’impact du bâti sur l’environnement est désormais indispensable, au titre de l’urgence climatique. Pour y parvenir, de nombreuses études sont en cours. L’une des techniques aujourd’hui développée consiste en la captation du CO2. Cette opération permet de piéger le CO2 dans la structure pour éviter qu’il ne se disperse dans l’atmosphère.
Cette technique est notamment en test sur la fabrication de béton, selon un procédé venu du Canada et développé par l’entreprise CarbonCure Technologies. Outre la captation, l’ambition du projet est aussi de travailler sur le réemploi des eaux usées, un autre problème à la fois par la perte sèche de matière et par la pollution qu’elle induit.
Une captation par injection d’oxygène
Selon le procédé mis en œuvre, il est injecté de l’oxygène dans le béton afin d’emprisonner le CO2 contenu. Cette présence de gaz ne vient en rien perturber la résistance mécanique de la matière, tout en évitant son rejet dans l’environnement. D’après les dernières études réalisées, le béton ainsi modifié serait même plus solide. Reste à développer la solution pour la rendre utilisable sur toutes les opérations.
Son emploi va de pair avec un autre point, celui de la récupération des eaux usées issues notamment du rinçage des camions-toupies. Cette donnée est importante car elle représente à la fois une perte de matière conséquente et une consommation d’eau majeure.
Gérer les eaux usées de nettoyage en lien avec le béton
La méthode est destinée aux centrales à béton. Si désormais les usines sont équipées de bacs récupérateurs permettant de séparer les eaux usées des particules de béton, le réemploi est loin d’être évident. Cela est notamment dû à un équilibre des eaux très variable, avec un pH et une densité qui évoluent.
Le premier travail est donc de créer une substance homogène. Celle-ci est obtenue par l’ajout de CO2 dans le circuit de recirculation de l’eau. Le grain de ciment est alors emprisonné pour bloquer sa perméabilité à l’eau. Cette technique permet de stabiliser la densité de l’eau chargée en matière avant sa réintégration dans le process de production.
Ce procédé a pour autre atout de diminuer la quantité d’eau utilisée. Selon les chiffres transmis, il permettrait de la réduire de près de 20 %. De même, la récupération de matière permettrait une baisse de l’emploi de ciment vierge de quelque 4 %. Alors que la technique n’en est qu’à ses débuts, ces données s’avèrent particulièrement encourageantes sur le long terme.