Les évolutions s’enchaînent dans le secteur du bâtiment. L’idée de construire différemment fait son chemin avec une réflexion menée dès la conception. Les infrastructures des Jeux olympiques 2024 devraient en cela jouer un rôle primordial en impulsant un nouvel élan et en modifiant les modes constructifs.
Publié le 9 juin 2022 par Estelle Guiton
La nécessité de penser le futur
C’est tous les quatre ans la même histoire, les installations spécialement réalisées pour les Jeux olympiques, où qu’ils se déroulent, attisent la colère des protecteurs de l’environnement, au même titre qu’ils créent des déficits mirobolants pour les villes d’accueil. Afin d’obtenir l’organisation des JO en 2024, Paris a fait un pari, celui de tenir compte de ce point noir pour en faire une force. Une façon de créer par anticipation des constructions qu’il aurait de toute façon été nécessaire de réaliser dans le temps pour répondre au besoin de logements. Pour cela, une solution a été mise en avant : la réversibilité des bâtiments.
Le principe de cette technique est simple, du moins sur le papier. Il s’agit de prévoir lors de la conception la reconversion des immeubles. Par exemple, transformer des bureaux en appartements. L’avantage de cette technique est de limiter les frais d’évolution en plaçant simplement le bâti dans une autre configuration.
Une application sur les villages des athlètes et des médias
Cette solution est celle retenue pour donner une seconde vie au village des athlètes et à celui des médias. Le premier, implanté à Saint-Denis, va donc évoluer en 2024 d’un site ultraprotégé prévu pour accueillir les athlètes et leurs accompagnants à une mini-ville accueillante avec commerces, bureaux et crèches en bas des immeubles d’habitation.
Comment alors passer de l’accueil de près de 15 000 sportifs à 3 000 résidents et autant d’emplois ? Si cela peut paraître simple, c’est sans compter le cahier des charges émis par le comité d’organisation des Jeux olympiques qui a obligé architectes et constructeurs à réfléchir aux meilleures solutions. L’un des exemples est l’absence imposée de cuisine dans les appartements créés. Pour contourner cette difficulté et faciliter la reconversion des lieux, le projet prévoit la mise en œuvre de deux salles de bain par logement pour en convertir une en cuisine après les JO. À l’inverse, les T3 se verront transformés en bureaux, avec suppression de la salle de bain.
Une réflexion menée en amont
Ainsi, la réversibilité des logements doit tout envisager. Cette conception est contraignante, nécessitant de prévoir à l’avance l’emplacement des réseaux en vue du réaménagement, ou encore de définir les structures porteuses, toujours dans cette même idée d’évolution.
Dans le même temps, les projets constructifs des JO ont pris le parti de voir sur le long terme et d’anticiper les obligations de 2030 avec le regard tourné vers l’échéance climatique de 2050. De fait, le matériau privilégié est le bois. De la même façon, la climatisation a été exclue, remplacée par un circuit de géothermie avec pompe à chaleur pour rafraîchir les espaces. De là à penser que les JO 2024 vont se transformer en laboratoire du futur… il n’y a qu’un pas, dans tous les cas bénéfique.