Les professionnels de l’assainissement soulignent régulièrement que mélanger les matières solides et liquides représentent un problème d’assainissement. Bien que la problématique ne soit pas très glamour, on peut néanmoins préciser que les toilettes sèches rencontrent un succès croissant. Ce marché éco-responsable sort de sa niche.
Publié le 13 décembre 2011 par La Rédaction
Du refuge Vallot au Village Vertical
Psychologiquement difficile à entendre, le procédé très ancien des toilettes sèches, aujourd’hui revisité, commence timidement à faire son entrée dans les bâtiments collectifs.
Pierre Colombot, dirigeant d’Ecosphère, présent depuis 20 ans sur ce marché, a déjà installé ce procédé écologique de lombricompstage en sites isolés, comme les refuges de très haute altitude, les aires d’autoroutes, les parcs.
Le 6 novembre 2011, le choix de toilettes sèches a aussi été retenu pour la réalisation d’un R+3 du Village Vertical à Villeurbanne.
Entre design et technologie : rendre le précédé plus attractif
Selon Emmanuel Morin, de la société Ecodomeo, porteur d’un brevet pour une technologie de tapis compact qui s’intègre dans le siège, « implanter ce dispositif dans les immeubles collectifs, reste encore très marginal, y compris chez nos voisins d’Europe. »
Ceux qui intègrent les notions de développement durable, de problème d’eau récurrent, n’ont pas forcement envie de renoncer à un confort inscrit dans les pratiques. Ils imaginent la cabane au fond du jardin. Et Emmanuel Marin d’ajouter : « Pour rendre ce procédé plus séduisant, nous travaillons sur le design et la technologie ».
Depuis 2005, cette forme de toilettes (pour en savoir plus, consultez notre publication sur les toilettes sèches) connaît malgré tout une percée importante. Emmanuel Morin précise : « Les concurrents, dans ce qui était, il n’y a pas si longtemps encore, une niche, se multiplient. »
Quelle réglementation ?
Il existe une dérogation concernant les toilettes dites sèches, c’est-à-dire des lieux d’aisances, fonctionnant sans apport d’eau de dilution ou de transport. Elles sont autorisées à condition de ne générer aucune nuisance pour le voisinage, ni rejet liquide en dehors de la parcelle, ni pollution des eaux superficielles ou souterraines.
La réglementation exige que ces équipements soient composés d’une cuve étanche recevant les fèces ou les urines et devant être régulièrement vidée, et qu’ils disposent d’une aire étanche à l’abri des intempéries conçue de façon à éviter tout écoulement. Les sous-produits issus de l’utilisation de toilettes sèches doivent être employés sur la parcelle.
Deux arrêtés publiés fin 2009 (dont celui du 7 septembre dans sa section 5) reconnaissent les toilettes dites sèches. Les premiers pas vers l’industrialisation ont semble-t-il été franchis. Reste à convaincre les lobbies de marchands d’eau, les bureaux d’études, les constructeurs, pour voir s’étendre ce procédé.
Johana Trossat