Les réseaux de chaleur et de froid connaissent une croissance importante ces dernières années, désormais poussés par la volonté d’une énergie plus écologique. Les villes de toutes tailles sont aujourd’hui candidates à ces installations. Une évolution dans la façon de penser le chauffage qui a plus d’un atout, à commencer par une autonomie vis-à-vis de l’électricité et du gaz, en pleine crise énergétique.
Publié le 5 janvier 2023 par Estelle Guiton
Les réseaux de chaleur pour mutualiser l’énergie
L’idée est ancienne et les premières implantations remontent déjà à de nombreuses décennies. Pourtant, au fil du temps, les réseaux de chaleur se sont progressivement éteints au profit des installations individuelles. Les crises énergétiques et surtout environnementales ont peu à peu revu cet état et redonné de l’intérêt à ce mode de chauffage collectif. Ce retour en grâce ne s’est pas fait sans évolution. Selon les données de la FEDENE (Fédération des Services Énergie Environnement), le contenu carbone de la chaleur diffusée par ces réseaux a été divisé par deux en moins de dix ans.
Ainsi, cette solution est redevenue l’une des idées à privilégier pour réaliser des économies à une échelle plus large puisqu’elle implique des quartiers entiers. Selon les chiffres publiés en 2021, quelque 45 000 bâtiments profitaient de ces réseaux de chaleur, dont 57 % de résidentiel et 35 % de tertiaire.
Des énergies renouvelables qui arrivent en force
Ce qui a surtout évolué pour ces réseaux est la matière utilisée pour les alimenter. Si les énergies fossiles ont longtemps été privilégiées, le gaz, aujourd’hui, représente seulement 34 % des installations. Il cohabite avec d’autres sources telles que les unités de valorisation énergétique – c’est-à-dire des unités d’incinération des déchets qui permettent la production d’électricité ou l’alimentation de réseaux –, la biomasse ou la géothermie. Ainsi, les énergies renouvelables sont désormais à l’origine de 62 % de la chaleur produite par ce biais.
C’est bien là tout l’atout de cette solution : elle trouve rapidement une nouvelle source d’alimentation, au plus proche de la source disponible. Une façon aussi de mieux valoriser les matières et réduire l’impact sur l’environnement en consommant ce qui est à disposition. Ces sources devraient d’ailleurs bénéficier d’une nouvelle alimentation avec la récupération de chaleur fatale, c’est-à-dire celle issue d’équipements en fonction tels que les incinérateurs ou les centres de données.
De nouveaux réseaux en perspective
La mise en place de réseaux de chaleur devrait s’accélérer au cours des prochaines années. En effet, les villes sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à ces solutions. Pour la seule année 2021, ce sont plus de 300 kilomètres qui ont été développés, tandis que les demandes se multiplient : plus de 1 600 projets sont actuellement à l’étude pour voir le jour d’ici 2030.
Reste la question du financement. Des aides sont désormais disponibles, notamment pour les copropriétés, afin de leur permettre de bénéficier du raccordement. L’ADEME a également lancé le projet « Une ville, un réseau » pour les communes de moins de 50 000 habitants, aboutissant déjà au dépôt de plus de 190 dossiers. Une belle avancée qui demande à se confirmer, tant dans les intentions que les aides apportées.