Les principaux enjeux d’un chantier « vert » sont de limiter les nuisances causées aux riverains, la pollution des sols et des nappes, la quantité de déchets mis en décharge, et les risques sur la santé des ouvriers. Au travers d'une charte contractuelle, le maître d'ouvrage peut fixer des objectifs et des moyens à mettre en œuvre. Charge ensuite au maître d’œuvre d'en assurer le déploiement et le contrôle.
Publié le 6 février 2008 par La Rédaction
Tout chantier provoque des nuisances que la maîtrise d’ouvrage, s’appuyant sur la maîtrise d’œuvre, s’attache à limiter, voire à supprimer. A sa disposition, la « Charte chantier vert ».
Initiée par le maître d’ouvrage, rédigée par l’équipe de conception et intégrée aux pièces contractuelles du DCE, cette charte est signée par tous les acteurs présents dans l’opération. Le contrôle de son exécution est généralement confié à une personne, reconnue par toutes les entreprises du gros œuvre et du second œuvre… Cette personne a, entre autre, la tâche d’assurer le suivi de la Charte au fur et à mesure des arrivées et départs des entreprises.
Un outil au service de la qualité
La « Charte chantier vert » a généralement pour mission de limiter les risques, qu’ils concernent la santé du personnel sur le chantier, les nuisances causées aux riverains, la pollution des sols et des eaux, ou les déchets mis en décharge.
Côté santé du personnel, les chantiers génèrent des niveaux de bruits souvent élevés, qui peuvent altérer la capacité auditive des ouvriers. Outre le port de protections individuelles, il convient de réduire les émissions sonores : remplacement des matériels pneumatiques par leurs équivalents électriques, insonorisation de certains engins (pelles, chargeurs, groupes hydrauliques), équipement des banches avec des écrous serrés à la clé plutôt qu’au marteau, doublement des équipements pour réduire d’autant les durées d’émission, mise en place d’aires de retournement pour limiter le bruit des avertisseurs sonores de recul, utilisation de talkies-walkies pour communiquer avec le grutier, etc.
De même, certains produits dégagent des odeurs gênantes et des composés organiques volatils (COV) qui, à la longue, nuisent aussi à la santé des ouvriers. Les recenser avant le début des travaux permet de prendre des précautions, voire de les remplacer par des substituts moins nocifs : substitution des colles à base de solvants organiques par des colles à base de résines acryliques, choix peintures en phase aqueuse à la place de peintures glycérophtaliques, abandon des huiles minérales de décoffrage au bénéfice d’huiles végétales…
Une préoccupation tout au long du chantier
Enfin la quantité de poussières dégagée lors d’une démolition peut être limitée en démontant au lieu de casser (ce qui facilite ensuite le tri sélectif) ou en arrosant les gravats. De même, les sorties d’engins et de camions sur la voie publique peuvent provoquer des dépôts de boue, engendrant saletés et chaussée glissante. Pour éviter cela, un débourbeur peut être installé à la sortie du chantier. Pour limiter les émissions de poussières, il est aussi recommandé de prévoir un dépoussiéreur (équipement standard réutilisable) au moment du remplissage des silos à ciment.
Ces bruits, poussières, boues… sont aussi des nuisances pouvant être subies par les riverains. Communiquer avant le début du chantier permet, en fonction des réponses des voisins, de mieux cerner l’impact de ces nuisances (plages horaires et jours à préserver du bruit, zones de stationnement, etc.). Informer en cours de travaux des moments et de la durée des préjudices sonores facilite leur acceptation. Au démarrage du chantier, une réunion d’information peut même être organisée sur place en vue d’expliquer l’objet de projet, les actions engagées pour réduire les nuisances, les moyens d’expression mis à la disposition des riverains, etc.
Une gestion améliorée des déchets
Au cours d’un chantier, diverses substances liquides sont susceptibles d’être déversées et entraînées vers les nappes phréatiques, entraînant parfois des pollutions importantes.
Par exemple, récupérer les eaux de lavage d’une centrale à béton dans un bac de décantation, puis les recycler, supprime la pollution directe du sol par la laitance et les résidus de béton. Autre exemple, les huiles de décoffrage à base d’hydrocarbures créent une pollution difficile à résorber, et le sol sur le lieu de remplissage des pulvérisateurs est également souvent souillé : prendre des précautions et utiliser des huiles de décoffrage moins nocives pour l’environnement est alors une solution.
Restent les déchets… Chaque année, on ne recense que 26 millions de tonnes d’ordures ménagères. Les chantiers de construction-réhabilitation-démolition en produisent plus de 31 millions de tonnes! Réduire au maximum la quantité des déchets mis en décharge consiste, à la fois, à limiter les déchets à la source et à valoriser les déchets générés par les travaux. Pour ce faire, les moyens à mettre en œuvre doivent être étudiés dès la conception et la préparation du chantier.
Vu les tarifs actuels des centres de stockage de déchets ultimes, les entreprises ont tout intérêt à trier leurs déchets et réduire les mises en décharge. Le coût de gestion des déchets doit être évalué lot par lot, et non plus comme auparavant par l’entreprise de gros-œuvre dans le cadre du compte prorata, ce qui incite chaque entreprise à limiter ses déchets et à optimiser leur traitement.