Le nombre de défaillances d’entreprises est reparti à la hausse ces derniers mois. Le BTP n’échappe pas à cette tendance avec une progression de 42 % sur le trimestre. Ce chiffre reste toutefois (encore) inférieur au taux de 2019, c’est-à-dire à la période d’avant-Covid. Les entreprises de construction s’en sortent donc assez bien quand, dans le même temps, la situation touche de plein fouet les agences et la promotion immobilière. Ce dernier secteur affiche au 1er trimestre 2023 un taux de sinistralité de +107 % comparé à il y a un an.
Publié le 17 mai 2023 par Estelle Guiton
De mauvais chiffres pour les entreprises
Les chiffres de 2022 le laissaient présager, les défaillances des entreprises connaissent un nouveau rebond au cours du 1er trimestre 2023, tous secteurs confondus par rapport à l’année précédente. C’est ce que montre la dernière étude dévoilée par le groupe Altares. Ainsi, sur ce seul trimestre, ce sont plus de 10 700 liquidations judiciaires qui ont été prononcées, un taux au plus haut depuis 2017. Les mises en redressement judiciaire ont, elles, bondi de plus de 49 %.
En revanche, le groupe d’expertise souligne la bonne résistance des très jeunes entreprises créées après le Covid et qui, sur un an, enregistrent une baisse des défaillances de 21 %. Un chiffre encourageant avec une préparation de projets et des aides qui montrent ici toute leur efficacité. Malgré tout, les écueils pourraient bien arriver plus tard. En effet, les entreprises les plus concernées par les difficultés sont les petites structures de moins de 10 salariés et comptant entre 6 et 15 ans d’activité. Une façon de rappeler que rien n’est jamais gagné.
La construction, à la peine mais pas en péril
Le secteur de la construction affiche des chiffres qui, s’ils ne sont pas bons, sont encore loin des années noires craintes par de nombreux professionnels, avec un taux de sinistralité toujours inférieur aux données de 2019 qui restera comme une période compliquée et qui a fait craindre le pire dans la période d’après-Covid. À ce jour, les carnets de commandes sont pleins pour de nombreuses entreprises, mais pour combien de temps ?
Aujourd’hui comme demain, elles vont faire face à deux problèmes : le manque de main-d’œuvre avec des recrutements compliqués et la difficulté à fidéliser les salariés, entraînant pour un grand nombre des retards dans les travaux. Il est de moins en moins rare de voir les dirigeants enfiler de nouveau le bleu pour repartir sur les chantiers. L’autre point noir vient de la conjoncture avec des ventes immobilières de plus en plus difficiles à voir aboutir. Moins d’argent pour emprunter et des crédits plus compliqués à obtenir ont pour conséquence des ventes qui ont du mal à se finaliser. Un comble dans un contexte où le manque de logements est toujours aussi important.
Des situations difficiles sur les chantiers
Ces constats amènent aussi des problèmes d’avancement sur les chantiers. Entreprise absente, retards d’approvisionnement, planning non respecté sont autant de signes précurseurs aux difficultés futures. Un casse-tête pour les maîtrises d’œuvre et d’ouvrage partagées entre la mise en demeure et la peur de voir l’entreprise quitter définitivement le chantier, avec les difficultés de remplacement qui existent.
Derrière cette procédure, c’est pourtant toute la bonne marche du chantier qui est en jeu et donc la réception sans défaut et dans les délais…