Le ciment figure en bonne place des éléments constructifs connus pour être polluants et peu environnementaux. Si le constat n’est guère favorable à la filière, des efforts sont désormais réalisés. Le ciment vert fait ainsi de plus en plus parler de lui avec des constructions qui commencent à l’utiliser.
Publié le 3 mars 2022 par Estelle Guiton
Réduire l’empreinte carbone
Améliorer le bilan carbone dans le BTP, sans toucher à la performance et solidité des constructions. Si sur le papier tout est fait pour arriver à l’objectif de la neutralité carbone en 2050, le secteur du BTP part de loin. Connu pour être un pollueur parmi les plus importants, il présente aussi un résultat en sa défaveur par l’un de ses produits phares : le ciment. Utilisé pour ériger les murs, sa production affiche un bilan lourd : l’industrie cimentière est responsable de 7 % des émissions de CO2 au niveau planétaire.
Les chiffres sont là pour le démontrer : la production d’une tonne de ciment impose une cuisson à 1 400 °C, entraînant une émission de 1 tonne de CO2. Pour y remédier, les fabricants sont de plus en plus nombreux à innover en proposant des solutions écologiques, moins énergivores et avec un niveau de rejet plus bas. L’une d’elles regroupe plusieurs acteurs à travers le monde afin de mettre au point un système performant et moins polluant.
Une modification du processus de fabrication
Cette nouvelle technique modifie le processus de fabrication traditionnel du ciment. La première différence concerne le niveau de cuisson de l’argile et du calcaire. Cette étape est remplacée par une réaction chimique provoquée par des activateurs. La seule montée en température employée dans ce procédé est celle d’un composant argileux, le métakaolin, à 750 °C pendant 5 secondes. Ce choix permet de diminuer drastiquement les émissions de CO2 en passant de 1 tonne à 200 kg par tonne de ciment. Si ce n’est pas parfait, c’est déjà une avancée importante pour faire baisser le niveau de pollution des opérations de construction.
D’autres dispositifs sont également en développement avec ce même objectif de réduire les émissions de CO2. Ce peut être par exemple, pour certaines, le réemploi des émissions de carbone ou une fabrication différente avec de nouvelles méthodes et composants. C’est le cas du projet instigué par l’ADEME, CimentAlgue, qui vient récupérer la chaleur et le CO2 issus de la fabrication du ciment pour contribuer à la production de microalgues.
Une utilisation pour tous les éléments en béton
Cette modification des processus a un coût, à l’heure où les prix des matériaux tendent à s’envoler. Toutefois, les fabricants mettent en avant le fait que le ciment n’est qu’un des composants du béton. Ramenée à son tarif global, la hausse est de fait mesurée tout en réduisant les effets sur l’environnement. Dans tous les cas, cette avancée s’avère incontournable pour participer aux enjeux de la décarbonisation.
Ces nouveaux ciments bénéficient déjà d’une classification par de nombreux fabricants, précisant la composition et l’utilisation. Des préconisations qu’il convient de respecter pour atteindre les niveaux de portance et de solidité recherchés pour chaque projet constructif.