Le développement de l’auto-construction dans les années 2000 a remis la technique de la construction en paille dans la lumière. Si la solution en isolation s’est imposée sur les chantiers, la création de murs porteurs avec ce matériau naturel reste, elle, plus confidentielle. Employée dans les règles de l’art, elle se révèle toutefois performante.
Publié le 21 mars 2018 par La Rédaction
La construction de demain pourrait-elle passer par des réalisations en paille ? Ce qui a longtemps prêté à sourire pourrait pourtant progressivement se développer. Ce n’est d’ailleurs pas une technique nouvelle. Avec la terre, elle était utilisée dans les constructions d’antan. Aujourd’hui, les procédés ont évolué, avec un double emploi : en isolation des immeubles et en matériau de construction adapté à l’élévation de murs porteurs.
La paille fait ainsi partie des éléments biosourcés qui font peu à peu leurs preuves pour la création de bâtis résistants et performants. Son usage est conditionné à une mise en œuvre dans les règles de l’art pour garantir une construction solide. Elle souffre toutefois d’un obstacle de taille : l’absence de réglementation pour la réalisation de murs.
La paille en isolant performant
La recherche de solutions environnementales pour le bâtiment a conduit à un retour en grâce des principes constructifs d’antan. Si le bois a pleinement profité de cette tendance désormais devenue la norme, la paille en a également bénéficié. D’abord mise en avant dans les projets d’auto-construction, les professionnels ont agi pour lui donner un cadre légal avec la validation d’une réglementation qui régit la filière depuis 2012. Cette orientation s’impose comme nécessaire du fait de la progression des constructions employant cette isolation. Le nombre de bâtiments qui optent pour cette technique est en hausse constante, de 10 % par an.
La réalisation la plus courante consiste au remplissage de caissons en bois avec de la paille compressée. Ceux-ci sont ensuite fermés puis mis en place sur la construction. Le tassement est l’une des étapes majeures dans l’utilisation de ce matériau naturel. Cette méthode permet de contenir tout feu éventuel afin d’éviter une propagation rapide. L’autre élément est l’absence de fumées toxiques.
Un matériau de construction à développer
L’usage de la paille ne demande qu’à se développer. Au-delà de son principe isolant, elle se déploie progressivement en tant que matériau de construction. Seul obstacle, son manque de réglementation en France, alors que d’autres pays voisins ont franchi le pas, à l’image de l’Angleterre, du Danemark ou de la Suisse. Cette évolution apparaît donc indispensable, tandis que les premiers bâtiments publics érigés en murs de paille sont livrés. C’est le cas de la nouvelle école de Rosny-sous-Bois, inaugurée en octobre 2017.
La maîtrise de la technique y est essentielle, impliquant un compactage important de chaque balle. Outre l’augmentation de la résistance à la pression, cette action permet également de réduire les risques d’embrasement et de lutter contre un autre ennemi de la paille : l’humidité. La mise en place d’une barrière étanche est aussi indispensable pour assurer la durabilité du bâti. Toutefois, les constructions dans ce matériau restent limitées à maximum un étage.
Cela n’empêche pas la réalisation de beaux projets, tout en ouvrant la voie à de nouvelles perspectives. Celui développé par le cabinet d’architecte danois Een Til EEn et l’entreprise BTP Kebony en est un excellent exemple. La construction utilise l’herbe, les algues et la paille, des biodéchets jusqu’alors jetés ou brûlés. Une innovation à découvrir plus largement dans notre article dédié…