Le secteur du BTP est connu pour être accidentogène. Les différents corps d’état sont concernés avec un nombre d’arrêts maladie conséquent. Outre la pénibilité, la question de la sous-traitance est aussi regardée de près, augmentant la précarité de certains travailleurs et la difficulté à respecter les règles élémentaires de sécurité.
Publié le 15 mars 2022 par Estelle Guiton
Des sources d’accident multiples
Un accident grave toutes les 5 minutes. Ce chiffre donné par Jean-Pascal François, secrétaire fédéral CGT Construction, bois et ameublement lors d’une conférence sur les conditions de travail en février 2022 a de quoi faire réagir. Le phénomène est en même temps bien connu, le secteur du BTP étant à risque. Récemment, ce sont les chantiers publics qui ont été épinglés à l’Assemblée nationale, les députés interpellant le ministre de la Santé sur les conditions de sécurité sur les différentes opérations après une série d’accidents survenus notamment sur les sites des futurs Jeux olympiques 2024.
Selon les chiffres relevés, ce sont près de 220 salariés du BTP qui ont perdu la vie en France en 2019, en faisant le secteur professionnel le plus accidentogène. Les causes sont multiples, regroupant tout autant les chutes, les conséquences du froid, de la pluie ou de la chaleur, les expositions aux produits chimiques, le bruit, le port de charges lourdes. Les arrêts maladie sont d’ailleurs deux fois plus nombreux que la moyenne nationale.
Des responsabilités à rechercher
Si les travaux du secteur expliquent bon nombre d’accidents, la question de la sécurité sur place est un autre point à prendre en compte. Sans pouvoir éviter tous les risques, une meilleure prise en compte des dangers et la mise en place de toutes les règles utiles pourraient permettre de réduire ces chiffres. Les statistiques sont en effet intraitables : un tiers des accidents concerne des chutes et un sur deux a pour origine la manutention manuelle.
La question de la sous-traitance multiple sur les chantiers représente un point de blocage pour améliorer la situation. En effet, notamment sur les gros chantiers, la pluralité d’intervenants (déclarés ou non) complique le travail de prévention et de contrôle, certains ouvriers sur le chantier ignorant même jusqu’à l’entreprise titulaire du marché et donc pour qui ils interviennent. Dans le même temps, les contrôles restent peu – ou du moins pas assez – nombreux pour produire un réel effet sur les conditions de sécurité.
Une hausse des contrôles, réellement efficace ?
Le déficit de moyens est d’ailleurs le point avancé par les inspecteurs du travail, jugeant nécessaire d’augmenter leur nombre pour être plus présents sur le terrain et contrôler la mise en place des moyens de sécurité obligatoires. Mais cela sera-t-il malgré tout suffisant ?
Depuis toujours, la question de la responsabilité des entreprises est mise en avant. Si des progrès ont été faits concernant les matériaux et équipements proposés pour diminuer ou mieux gérer les charges lourdes, d’autres points doivent être pris en compte et appliqués sur les chantiers. Une responsabilité qui relève alors directement de l’employeur et de la bonne gestion des sites, d’autant plus en présence de co-activité, et qui se complique avec la multiplicité des intervenants et des sous-traitants.